HAUT ATLAS

Le Parc National
 du Haut Atlas Oriental Central


-Texte extrait de la deuxième partie: (données socio-économiques sur les Ait Hdiddou) 
d'une recherche ethnographique que j'ai initiée sous l’intitulé:
 (Le Cycle Agropastoral des traditions des Ait Hdiddou).
 (Itinéraire d'un circuit socioculturel).
- Étude étalée sur les années (90), avec des mises à jour entre 2000 et 2006, au niveau des données
statistiques liées, soit au programme national de recensement, ou aux compagnes agricoles de l'O.R.M.V.A de Tafilalt: (C.M.V de Rich et Imilchil y compris).  
                  


Mouflon à manchettes: (Ammotragus lervia)
Il s'appelle Oudad en tamazight et L'Aroui en arabe.

                                                                                                                                                                   


8- Le parc national du Haut Atlas Oriental
    Un vrai théâtre d’enjeux de biodiversité
     Ce grand phénomène de perte du couvert végétal n'a pas uniquement ses graves retombées sur la flore, mais il a aussi énormément de retentissements sur la faune, ce qui est expliqué dernièrement au milieu des années (90), après la création du parc national du Haut Atlas Oriental, par les efforts des agents du service des eaux et forêts et la préservation des sols, procédant chaque année, au suivi et au recensement de ce qui reste, d'une espèce animal, parmi d'autres, connue dans la région sous le nom: de mouflons à manchettes, comme espèce menacée de disparition et rare dans le monde entier, puisqu'il n'en reste qu'un petit nombre. Elle est localisée surtout dans les régions montagneuses, aux sommets des deux montagnes du haut Atlas Central appelés: (Berdouz et Fazaz) (15), et cela « en leur offrant des conditions nécessaires contre l'immigration »(16).
     Parmi les autres espèces animales connues dans ce parc national de la région, on peut citer encore quelques types d'oiseaux rares au Maroc tels que:
- La Perdrix Gambra: celle-ci n'est pas menacée de disparition, et c'est l'un des gibiers préférés aux chasseurs Marocains.
- Le Faucon Crécerelle: l'un des rares oiseaux partout au Maroc                          
- L'Aigle Royale: il est très rare lui, et il fait son nid dans les rochers des montagnes.
- Le Pigent Biset: on le trouve dans les régions rocheuses désertiques.           
     A ceux là, on peut ajouter quelques autres animaux, se trouvant aussi partout au Maroc tels:« le sanglier, le renard, le lièvre »(17), sans oublier de dire: que les deux régions humides d'Izli et Tizlite où vive un grand nombre d'oiseaux migrateurs, les forêts de cèdre aux environs de la région d'Anfgou et de Tirghist, les rochers des montagnes, forment tous ensemble, un vrai biotope du parc national du Haut Atlas Oriental et de sa biodiversité animale et végétale, que l'homme de la région tout d"abord, et tous les autres intervenants, spécialistes y compris, doivent savoir gérer, enrichir et préserver, pour le bien de la région, et celui de toute l'écologie générale du pays. Car il est impérativement temps de cesser de jouer cette politique d’autruche, ou de faire la sourde oreille devant tous ces dérapages menant aux déséquilibres, tout en incriminant toujours autrui… Et c’est bien évidemment ce qu’a remarqué aussi, Alain Bourbouz, dans ses recherches, et l’un de ses écrits parlant de ce parc et de cette région au parcours forestiers dégradés.   
Les parcours forestiers, dit-il :« sont dans un état de dégradation alarmant. On en connaît les causes: multiplication des azib à la lisière des forêts pour mieux utiliser les ressources disponibles l'hiver, défrichements et mises en culture pour étendre la zone de culture en sec, écimage et élagage des arbres puis pâturage sur place, coupe et transports incontrôlés de feuillages(... )Le problème fondamental réside donc dans la totale incompréhension entre éleveurs et agents forestiers. Les premiers, confrontés au rude problème de l'alimentation hivernale des animaux, n'acceptent pas les interdits imposés par la réglementation forestière sur un espace qu'ils vivent comme étant le leur et dont ils contestent la domanialité. Les seconds, dans l'incapacité de contrôler l'ensemble du périmètre domanial dont ils ont la charge, se bornent à percevoir quelques taxes de principe pour les menus produits et l'ébranchage, et à pourchasser les délinquants. Mais qui n'est pas délinquant ? », dit-il. (18)
         IL ajoute aussi: « On peut certes exciper d’une situation écologique limite pour comprendre le mauvais état de ces écosystèmes forestiers très vulnérables à toute action humaine. Mais n’est-ce pas plutôt l'illustration d'une mauvaise gestion par une population déresponsabilisée et privée de tout pouvoir de décision sur son espace ? ». (19)
9- Tentatives de reforme

Encore timides et limitées en tout cas.
C'est vraiment un cas d'affaire, regretté et lamentable sans précédent, toutes ces déperditions. Pour un milieu naturel, jadis, riche de sa faune et de sa flore tel qu'on racontait, mais dégradant malheureusement aujourd'hui, sur tant de niveau. Surtout quand on voit que tous les efforts déployés par les techniciens de diverses administrations concernés par le développement en général, et celui du monde rural en particulier, sont énormément médiocres sur les altitudes, en qualité et en quantité. Car ils ne dépassent pas les quelques aides apportées aux agriculteurs et aux éleveurs momentanément, soit en matière de l'alimentation du bétail et du cheptel, caractérisée par la distribution de quelques sacs d'orge, subventionnés et vendus aux éleveurs, avec bien sur une toute petite remise, et cela pour subvenir à cette situation précaire et compenser le manque en cette matière, soit vis-à-vis de la construction et l'aménagement de quelques canaux d'irrigation, ou encore parfois même, l'organisation d'une compagne de vaccination contre certaines maladies parasitaires et épidémies qui peuvent attaquer le cheptel…
Tous ces efforts de soutien apportés à la population locale, pour remédier en quelque sorte à cette situation cruciale, ne sont pas, aussi minime qu'il soient, à nier ou à sous estimer, sauf que la problématique actuelle du sous développement aigu du monde rural en général, et du secteur montagnard en particulier, fait appel d'urgence, à une politique de développement durable et de grande envergure, de façon à ce que tous les intervenants s'y impliquent pratiquement, en adoptant théoriquement une nouvelle approche à vision pluridisciplinaire, capable d'instaurer une véritable communication entre ces acteurs aux divers centres d'intérêts, et leurs  objectifs communs reliant tant de secteurs, mais qui ne doivent que s’interpénétrer administrativement.

10- conclusion
Une fois ces objectifs, visant à faire de cette réalité, et de cette vision aux choses un intérêt commun, de participation collective et permanente, les résultats ne seront bien sur que bénéfiques et positifs pour toute la population et tout le pays. Sachant à quel point la montagne, elle aussi, comme secteur économique généralement négligé et marginalisé, est un domaine de pleins atouts, il faut uniquement savoir la rentabiliser, et y créer un climat de confiance, et de bonne volonté, entre tous les acteurs concernés par cette entreprise, et cela bien sur, avec l'ajout de quelques ingrédients à ce qui précède: en œuvrant d'une part, à la sensibilisation et à la conscientisation à priori, des populations ciblées par n'importe quel programme de développement, avant tout projet émanant, si l'on cherche vraiment à solliciter sa participation massive, active et effective, pour satisfaire ses divers besoins. Tout en évitant de se retrouver continuellement dans des situations d'échec et d’impasse, menant tantôt à l'incrimination de la géographie locale et ses conditions climatiques spécifiques… tantôt des mentalités des habitants…D'autre part, en insistant sur une gestion administrative moderne et efficace, basée sur: la compétence, la transparence, et le contrôle permanent des actes et de certaines pratiques… pour mettre fin, sinon pour freiner au moins et limiter toute sorte de dérapages…
    Ainsi les résultats souhaités par les habitants du secteur montagnard, et attendus par les planificateurs de toute politique développementale, ne seront bien sur qu'appréciables, dignes de respect et profitables à tout le monde, pour ne citer de leurs bienfaits, que le freinage relatif d'un exode rural sans trêve, menant à l'entassement continuel de nouvelles populations et générations dans les bidonvilles, ceinturant les grands centres urbains, et ruralisant les villes… aussi doit on ajouter, que l'encouragement des investissements dans ces zones, la formation de la population et l'encadrement des ressources humaines, contribueront assurément à une autocréation locale d'emplois… Surtout quand on a affaire à un milieu naturel montagneux et touristique, riche de traditions ancestrales, comme celui des ait Hdiddou, ou sa spécificité socioculturelle basée sur des principes de solidarité, de collaboration et de simplicité caractérisant un esprit communautaire humble, et déjà tribalement, structuré et organisé, quant à ses propres traditions et différentes mobilisations sociales…, liées aux différentes taches agropastorales… peut s'offrir la plateforme de grandes et énormes motivations, et servir de vrai  tremplin psychosocial pour un vrai décollage économique, longtemps espéré aussi, par de nombreuses régions marginalisées et enclavées dans notre pays...
Quels sont donc, arrivant maintenant à terme de cette partie,  ces fondements et ces appuis de traditions et de coutumes, formant les structures culturelles des Ait Hdiddou, capables de venir à leur aide, afin de semer espoir, et faire régner jouissances et enthousiasme, qui pourront faire dissiper les souffrances des temps difficiles… et les malheurs d'un univers resté, fort longtemps, injustement isolé?   
-Références:

(14)- Education environnementale et protection de la nature/ Leçons d'écologie et d'environnement local. Page n° 7. (Un document fait par des volontaires du Peace corps Américain). Traduit en arabe par un groupe d'instituteurs de l'école de Tazarine. (région d’Ayt Ihya, Caida d’Amouguer). Décembre 1995. Page n° 7.
(15)-Idem. Page n° 7.
(16)- Idem. Page n° 7.
(17)- Idem. Page n° 7.
(18)- Alain Bourbouze: Des parcours forestiers dégradés
         CIHEAM, IAM M, BP 5056, 34000 Montpellier
      http://www.inra.fr/dpenv/bourbc30.htm
(19)-idem. Alain bourbouze. 

Le Hameau d'Outarbat des années (90)
Tawjja n' Aabbou             DILLIGH  1997             Photo S.Med     


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Les activités ludiques chez les Ait Hdiddou

8- Jeux et divertissement chez les Ait Hdiddou

                      La fermeté d’un circuit socio-agraire et pastoral, objet de notre étude, chez la population locale, peut laisser entendre qu’il n’y a pas lieu durant toute l’année, à envisager quelques activités autres, que celles en liaison avec les taches et les corvées quotidiennes dans les champs et les parcours, garantissant la survie et renforçant toutefois, d’une façon indirecte, la santé physique des hommes et des femmes. Or, notre séjour durant quatre années successives dans ces lieux, nous a permis de constater que les enfants et les jeunes hommes de ces tribus se donnaient à divers activités sportives compétitives en plein air, soit spontanées et occasionnelles telles: le saut de longueur, le saut de hauteur, la course, le jeu de dames appelé Ouhdaach. Ou saisonnières et temporalisées comme: Chara, un jeu d’enfants pareil au jeu de billes, se joue avec des noies au lieu des billes, pendant leur saison. Mais Awjja reste lui, le plus grand jeu spécifique de la région d’Outtarbat. Comment se pratiquait ce jeu, dans quelles conditions, et quelles sont ses règles d’organisation ?

8-1- Le fameux et historique jeux d’Awjja, (Aoujja) 

                    C’est un jeu traditionnel qui remonte à des temps immémoriaux, dont le nom et la signification veut dire à priori: Endroit courbé, ou courbature tout simplement, à l’instar d’un site et endroit appelé localement: Tawjja n’Aabbou. Et c’est cette courbature meme, qui donne aux bâtons du jeu leur forme typique. Il est de la famille des sports collectifs de balle ou de boules. Il se joue en deux équipes, Il a quelques caractéristiques du golf et de l’ancien polo. Mais surtout du Hockey avec ses différentà types: hockey de rue, de champs, ou encore de glaces, quoique ce dernier est aujourd’hui bien équipé et organisé: se pratiquant en deux équipes de 6 joueurs chacune: (un gardien et 5 joueurs), munis de casques, de masques ou grilles de protection, des jambières, des gants et des coudières etc… Disputant un palet ou une roulette avec leurs crosses, entre deux buts et dans un terrain bien tracé, et partagé en divers zones, et lignes de couleurs significatives de point de vue règles et arbitrage. Awjja lui, se sert encore d’une balle ou boule en bois d’un diamètre d’environ 15 Cm, et des bâtons solides dérisoires en guise de crosse du hockey, avec lesquels les joueurs font rouler la balle jusqu’aux buts. Le nombre de joueur n’est limité que par la capacité et la superficie du terrain vague, qui n’est dans la plupart des cas que L’Anrar (terre bien entretenue qui sert de lieu pour le battage traditionnel du blé et autre céréales. Dans le cas, encore traditionnel, du jeu d’Awjja, le marquage de but se dit en langage amazigh local: Tswa !, (il y’est… !) qui veut dire: (ça a bu) la balle a bu de l’eau. Et si l’on sache que les deux buts qui délimitent le terrain en largeur dans le cas d’Awjja ne sont ni barre ni cages du hockey, mais rien d’autre, que des petits fossés ou séguias: (cannaux ou rigoles d’irrigation des parcelles agricoles, on saurait bien pourquoi on disait Tswa. On peut jouer une bonne heure ou plus, les spectateurs se comportent comme dans un match de football, on encourage, on hurle, on siffle, on applaudit… Parfois quelques  coups de crosses, lors des contre-attaques se font entendre, mais sans que ces batons se lèvent au-dessus des épaules, ce qui en est déjà une règle majeure. En plus de l’interdiction de toucher la balle avec la main. D’autres fois il faut bien le dire, certains matchs finissent mal et s’interrompent, suite à un mal entendu lié à l’arbitrage, ou une dispute qui peut survenir après un coup de crosse mal orienté, ou mal maitrisé causant des blessures. Quand ces disputes deviennent fréquentes, les sages de la tribu, ou l’autorité locale se donnaient le droit d’intervenir pour arrêter ou interdire le jeu. 
                  La mentalité des joueurs d’Awjja a changé entre hier et aujourd’hui, disait un vieil homme, que j’ai rencontré dans une boutique d’approvisionnement.  Discutant au sujet de ce jeu avec l’épicier, le vieux intervint et enchaina me montrant sa bouche: « tu vois ces dents monsieur l’instituteur! (Loustade), Je ne les ai perdues que suite à un coup fatal, reçu sur le menton par la crosse d’un joueur lors d’un match d’Awjja, il y’a bien longtemps… mais l’esprit sportif de l’époque, la bonne morale et les bonnes intentions, m’ont laissé pardonner le joueur adversaire, qui m’avait présenté lui aussi tant d’excuses.                    
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 - Mohamed Slak (Le Cycle Agropastoral des traditions des Ait Hdiddou).
   (Itinéraire d'un circuit socioculturel).
 -  Texte extrait de la troisième partie: (coutumes et tradition des Ait Hdiddou).
     Pages : (104) - (105)